DOLPO > Récit de Trek page 3

Mercredi 27 Septembre : Tarakot - Lahini

 

Nous quittons Tarakot vers 7h30 et remontons encore la vallée. Le paysage est magnifique : pentes herbeuses avec quelques pins, sommets enneigés au loin…

Nous quittons la vallée par un petit pont pour rejoindre une vallée plus à l’Est qui devrait nous mener en 3 jour à la vallée de Tarap. Plus de village prévus d’ici là.
Nous croisons un campement de bergers puis remontons les bords de la Barbug Khola (rivière Khola). Le chemin monte et descend régulièrement. Au bout de 2h00, nous arrivons à Laisicap. Sarog achète une poignée d’épinards pour 5 rp. Nous jouons un peu avec les enfants présents, et qui là encore sont un peu déformés par le tourisme en nous demandant « Hello Pen ? ».

Nous traversons ensuite un pont suspendu de 120m bien équilibré par deux câbles extérieurs. Petite forêt de pin avant de se poser pour déjeuner. En face de nous, un superbe gompa, Chhedhul Gompa, entouré de nombreux shortens. Il est coincé entre la rivière Inrapchuc et la montagne. Nous sommes à 2600m.

Nous repartons : belle montée au milieu du gorges pendant 2h30 pour arriver à Lahini, ancien camp ayant servi lors de la réfection du chemin. Là, une famille nomade avec leur grande tente tibétaine de fabrication chinoise (ressemblant à un grand tipi). Les femmes extraient ou écrasent des graines de plants majijuana ramassés aux alentours. Les graines donnent la ganja et la résine créée en les écrasant le hachich dit aussi « Tshorich » en népalais.
Nous plaçons notre camps un peu plus loin. Ce soir, le froid commence à se faire sentir. Nous sommes à 3200m.

Vocabulaire du jour :
« Mo Nepali » : je suis nepalais!
« tik’sa » : ça va bien
« tik’sa » : comment ça va ?
« pok sa » : ça ne va pas
« mito sa » : c’est bon
« toruni » : mademoiselle
« sundori timi » : tu es jolie
« keti » : fille
« keta » : garçon
« tulo kuta » : grand pied (mon surnom…)
« nack » : nez
« kan » : oreille
« aola » : doig
« aat » : bras et main
« gam » : soleil
« akas » : ciel
« sano » : petit
« pugiu » : assez
« gork » : corbeau
« gormi » : chaud (corps j’ai chaud : mo gormi)



Jeudi 29 Septembre : Lahini - Gorges

Levé 6h00 aujourd’hui. J’ai mal au ventre depuis un moment et ne dort plus. Ce sera une journée pas très gaie pour mon estomac… Nous montons 400 m rapidement. Difficile pour les porteurs. Ensuite, cela sera une succession de montées et descentes en restant à 3600 m d’altitude moyenne. Nous nous arrêtons un peu avant le pont de Chheur, où campent une famille avec des tentes tibétaines comme hier. Un petit garçon regarde et touche les poils blonds de mon bras qui semblent l’intriguer comme ma taille d’ailleurs. Nous repartons. La vallée change un peu, devenant plus minérale. Le chemin est excellent, en balcons. Nous campons au bord des gorges à environ 3700m. Ce soir, pizza !!! Je ne mange pas beaucoup, je suis encore un peu malade…
Nuit froide (il a fait 28°C l’après midi).


 

Vendredi 30 Septembre : Gorges – Vallée de Dho Tarap
Levé 6h30 comme d’hab. Je suis loin d’être guéri. Je me suis levé vers 2 heures et encore ce matin de bonne heure. Petit dej et nous rattaquons la montée. La vallée se resserre de plus en plus. Il fait froid, pas loin de 0°C. Nous recroisons des nomades comme hier; je joue avec des enfants. Nous suivons ensuite les gorges pendant au moins 4 heures en montant progressivement jusqu’à 4000 mètres. Les flancs des montagnes sont de plus en plus arides, le soleil tape mais les paysages restent magnifiques. Nous rattrapons deux russes qui font le bas Dolpo en autonomie complète pour la deuxième fois : gros sacs (au moins 20 kg), tente, hyophilisés. Ils ont été bloqués par un mètre de neige au Basia La.

Arrivée dans la vallée de Dho Tarap à environ 4000m d’altitude. Nous croisons quelques troupeaux de dzos, nos premiers. La vallée, superbe, est constituée de hameaux disséminés et accompagnés de leurs champs d'orge qui s'étendent dans tout le fond de la vallée, semble être au bout du monde, et un calme majestueux y règne. Le premier hameau, Dho, est entouré par les montagnes, un très beau gompa le surplombant. Des femmes sont en train de battre l’orge avec de grand fléaux médiévaux pour nous ; nous nous asseyons à côté de deux petites filles qui se reposent à côté de leur hotte.
Le beau spectacle s’arrête vite quand deux maoïstes viennent s’asseoir vers les porteurs et discuter. Au départ, je me demande s’ils sont bien maoïste ou s’il s’agit de porteurs du village. Cependant, une fois Padam arrivé, ils viennent vers nous deux. Ils sont habillés en montagnards et nous expliquent que si l’on veut continuer notre chemin, nous devons leur verser une taxe de passage de 200$. Nous n’avions prévu que 60$ maximum et nous n’avons pas la somme en dollars. La négociation est longue et dure bien plus d’une demi-heure. Il faut bien nous rendre compte que nous ne pouvons pas négocier et nous donnons finalement 160$ et le reste en roupies que nous avions prévues pour les porteurs. Ca énerve de devoir redonner autant d’argent alors que nous avons déjà payé 910$ au roi pour les permis de trekking. Je n’aurai pas de rab pour le mois de novembre en rentrant… Ils nous remettent un reçu aux insignes du parti communiste népalais qui nous servira
Nous installons le camp au pied du village, 4200 mètres, beaucoup de vent. Déjeuner. Nous partons visiter le village. Pas cool. Les enfants nous agressent presque pour de l’argent ou des crayons. Nous passons vite et allons voir le premier chorten de la vallée ainsi que le gompa juste au dessus. Il est fermé. Nous rejoignons ensuite la Cristal mountain school située un peu plus loin. Kedar n’est pas encore arrivé. Nous avons rencontré en chemin un des enseignants, ils sont 10, et enseignent chacun plusieurs matières : népalis, tibétain, anglais, sciences, maths, social (histoire géo) et arts. La moitié des profs est payée par le gouvernement, l’autre moitié par l’association action Dolpo. L’école est avant faite pour les enfants de Dho et Tokkyu mais quelques enfants viennent de plus loin à pied en échange de bois. Il y a 10 classes et environ 361 élèves à l’école. Les enseignants habitent dans deux chambres de 5, disposent d’une cuisine et de toilettes à la turc. Un nouveau bâtiment et en construction. Il servira pour les chambres des profs ainsi que pour les salles de classe l’hiver. En effet, tout est fait pour garder la chaleur. Il y aura de jardins sous serre pour faire pousser des légumes en plus du grand potager situé derrière.
Accueil chaleureux de Kedar qui nous montre toute l’école et nous donne de nombreuses explications autour d’un thé. Deux femmes de Dho nous rejoignent dans la cuisine avec leurs filles et un jeune garçon. Après ce bon échange, les enfants nous raccompagnent pendant que les mères ramassent des bouses séchées dans leur panier - hotte. Les filles perlent très bien anglais. L’une d’elle a 9 ans, et nous chantons des chansons une bonne partie du trajet, d’abord en français puis en népalais. Les maisons ont la particularité d’avoir des fagots de bois sur les murs en prévision pour l’hiver.
Dîner. Je ne suis pas très bien toujours les mêmes problèmes. J’en raconterai peut-être plus demain…
Juste encore une dose ; Padam est encore plus malade que moi : diarrhées, fièvre et sa jambe lui fait mal. Je lui donne des médicaments.