Lundi 25 Septembre : Nepalgunj - Juphal - Dunaï | |||||
La nuit n'a pas
vraiment été complète... Nous sommes seuls au petit déjeuner : café, toasts, omelette et jus d'orange avant de repartir vers l'aéroport avec un des tenants de l'hôtel. Il est 5h30, il fait encore nuit mais il y a déjà foule : rickshaws, voitures, gens qui marchent, courent... Nous arrivons les premiers à l'aéroport. Les militaires nous ouvrent le portail et nous fouillent une première fois. Deuxième fouille avant de rentrer dans le hall désert...Nous retrouvons un des "aides" qui nous avait porté une partie de nos bagages hier (il est muet). Nous attendons 1h00 que quelqu'un de Yeti Airlines arrive. Entre temps, l'aéroport se remplit de locaux puis d'un groupe de touristes qui partent pour Thirikot faire le tour de Kaïlash. Gros souci au moment de l'enregistrement..., quatre paquets que nous avions laissé sur place hier, dont la bouteille à oxygène, sont introuvables... On nous dit qu'ils sont perdus, que ce n'est pas la peine de les attendre, qu'il faut prendre l'avion...Difficile de se faire comprendre et de chercher sans parler la langue...Notre "compagnon" nous aide bien : Il ballade Nada puis moi un peu partout dans l'aéroport. Au bout de 2h !!!, il nous emmène vers des conteneurs stockés dehors qu'ils ouvrent enfin. A l'intérieur de l'un d'entre eux, nous retrouvons nos cartons de produits frais et la bouteille d'oxygène ! Cela aura été notre aventure du matin ! Bizarrement...une fois que c'est fait, ils embarquent tous nos bagages et nous font payer une taxe de 2000 roupies pour surcharge et nous embarquons peu de temps après.
L'avion est un bimoteur à hélice tout petit, les bagages occupent la moitié avant de l’avion et nous les 3 ou 4 banquettes de 2 personnes disponibles à l’arrière. Nous sommes 6 dolpopas à bord, nous deux, un « steward » (qui ne fait que distribuer du coton pour le bruit) et les 2 pilotes. Magnifique mer de nuages. Le vol dure 5 mn, remontant de grandes vallées et l’atterrissage est un peu brusque : on comprend pourquoi les pneus ne semblaient pas très gonflés ! L’avion rebondit et se pose assez rapidement sur cette « piste », en vérité un champ de 490 m de long (un peu court) qui comprend une dépression en son milieu pour freiner l’avion…
Le champ d’atterrissage est entouré de barbelé et bien gardé par des militaires contre les maoïstes. Nous déchargeons et attendons notre guide, Padam, qui nous emmène rejoindre les porteurs. Un thé et quelques gâteaux, le chargement des porteurs et nous voilà partis vers Dunaï. Nous descendons dans une jolie petite vallée vers la rivière. Nombreuses cultures, enfants. Nous passons un premier check post militaire à l’intersection de la vallée venant de Rigmo. Gros camp militaire de l’autre côté de la rivière. Nous suivons ensuite les porteurs pendant que Padam va récupérer un cheval et un porteur supplémentaire sur le trajet. Nouveau check plus complet à l’entrée de Dunaï. L’ensemble de nos visas de Trek sont vérifiés. Dunaï est la « capitale » administrative du Dolpo (ce n’est qu’un petit village en longueur). On y rentre par un portail en pierre derrière lequel la garnison veille. A l’entrée des gens se lavent, deux maisons se construisent, il y a de nombreuses petites échoppes, un barbier, … Notre campement est situé dans le jardin du « bureau » de conservation du Parc de Shey. Trois tentes sont montées : deux tentes igloo et une tente mess avec une table pliante et 2 tabourets qui nous accompagneront quasiment tout le voyage. Ils nous ont monté une tente chacun !!! Nous leur expliquons qu’une seule est suffisante et qu’il pourrait laisser l’autre au village. Ils l’emmèneront quand même… Premier déjeuner : Eau chaude avec du jus d’orange en apéro, viande, légumes et beignets de bananes et thé pour finir, le tout à la lumière des bougies. La class ! … Au final, nous sommes à ce moment là douze : le guide, Padam, un cook, Saroj, 3 aides cook et 5 porteurs venus de Katmandhu par la route et à pied (2 semaines de trajet). Après 14h00, un peu de lecture du Lonely. De jeunes enfants viennent nous observer, sourient. J’essaie de leur parler en anglais, ils me répondent « Yes » ! Il y a du vent : je décide de construire un cerf volant, histoire de m’occuper et d’amuser les enfants autour de nous. Rapidement, un aide cuisinier vient m’aider. Il y met de l’application même s’il voit que mon cerf volant est bien trop lourd ! Après quelques essais, il ne vole pas ! Il me montre alors comment en faire un tout simple avec juste 2 petites tiges de bambou et sac plastique léger. Cela attire un petit garçon, sa sœur et les autres porteurs. Je prends le petit garçon pour une fille ! : Il est habillé en robe, a deux queues de cheval…On nous raconte peu après qu’il est le 6ème garçon d’une famille de 6 garçon. Après le 5ème, ses parents voulaient une fille et comme ils ne l’ont pas eu, ils l’habillent en fille ! Après une heure et demi d’amusement, arrivent deux nouveaux
népalais : il s’agit du responsable de Cristal Moutain School
du village de Tarap, l’école parrainée par l’association
française Action Dolpo que nous devons croiser quelques jours plus
tard, et son porteur. Il vient de KTM passer 2 mois à l’Ecole
pour suivre l’avancement des travaux d’amélioration
de l’Ecole et cherche des compagnons de route ! Il viendra avec
nous demain. Cool. Il parle couramment anglais et nous explique qu’il
est actuellement difficile d’enseigner au Dolpo car cela génère
une jalousie des maoïstes. En effet, l’Ecole apporte culture
et du support à l’ensemble des habitants de la vallée
et est reconnue comme tel. L’Ecole représente également
un peu gouvernement même si les subventions sont très faibles
dans ces zones maoïstes. Il nous raconte également qu’il
y a cette période de l’année de nombreuses fêtes
où ils font voler de nombreux cerfs-volants… Le petit garçon « fille » avec qui je jouais tout à l’heure revient et parle finalement très bien anglais : il a sept ans et habite dans le village. Il étudie l’anglais depuis 2 ans déjà ! Nada discute avec le guide sur la journée de demain. Nous devons aller à Tharakot en partant de bonne heure mais nous partirons finalement plus tard. En effet, demain, c’est la journée des touristes ! et comme nous sommes les seuls, les responsables du parc et du village vont faire une cérémonie pour nous ! Nous verrons ça demain ! Il est 18h00. Je pars faire quelques photos et nous dînons. Quel repas ! Ce soir, entre autres, momos, galettes séchées indiennes aux épices, haricots verts, carottes sculptées en oiseaux, un gâteau pour nous accueillir… Avant d’aller dormir, nous discutons un peu avec Padam. Il a 3 fils dont un apprend le français, un l’allemand et le dernier le japonais ! Il vient d’un village situé dans le Solukhumbu, à côté de l’Everest. Il travaille désormais comme guide indépendant après avoir travaillé longtemps pour GHA, notre agence de voyage népalaise et est même monté au col Sud de l’Everest à plus de 8000m en tant que climbing sherpa… J’oubliais la cocotte minute locale qui a explosée dans la maison d’à côté, faisant s’écrouler le toit de paille et terre dans un gros nuage de poussière… Pas de blessé heureusement ! Vocabulaire du jour : |
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Mardi 26 Septembre : Dunaï - Tarakot | |||||
La nuit a été
bonne malgré quelques réveils dus aux chiens qui aboyaient
sans s’arrêter… Les notables du village arrivent. La jeune et jolie népalaise qui a organisée la cérémonie en notre honneur a disposé une quinzaine de chaises en rond. Nos deux chaises sont un peu séparées. On nous fait asseoir, puis chacun vient nous offrir un cadeau (soit un kata, écharpe en soie très légère traditionnelle, des fleurs et même un petit bol en bois réalisé localement) et nous met un point de henné sur le front, si bien qu’à la fin nous avons chacun le milieu du front tout rouge ! Puis chacun fait un discours soit en anglais, soit en népalais : bienvenue, présentation du parc, de l’importance que nous parlions du Dolpo à notre retour, … Nous faisons à notre tour chacun un petit discours de remerciements. Après, distribution de thé et chacun discute. Nous échangeons nos adresses emails : ils veulent que l’on parle du festival qu’ils feront l’année prochaine pour les touristes. Un étudiant de Kathmandu présent également et qui a pour projet de rédiger un rapport sur comment développer le Dolpo nous demande de remplir un questionnaire en donnant notre avis sur l’ouverture du Dolpo au tourisme… Nous le remplirons en fin de trek et lui rendront via Padam. Il est 9h00. Padam nous presse et nous partons. En partant, Nada s’occupe bien de la jolie petite népalaise avec qui nous avions parlé hier après-midi. Elle est membre de la famille royale et part bientôt pour Pokara faire des études d’histoire-géo. Elle est habillée branchée comme une européenne. Nous sommes refouillés par l’armée en sortant de Dunaï et quittons désormais la zone contrôlée pour rentrer en terrain maoïste… Nous longeons la rivière Thuli Beli. Cela ressemble à un
magnifique paysage de vallées alpines avec des pentes bien plus
raides… Au bout de 2h30, nous nous arrêtons pour manger. Le
soleil tape. Une heure de préparation pour une repas encore très
copieux (cela sera quasiment toujours comme ça…), des chips
maison, des crudités, de la chèvre en sauce, des légumes,
une tranche pain de mie avec du fromage type gruyère, une coupe
de fruits en dessert. En repartant, nous passons un pont qui porte la marque communiste et
à l’air de nous dire : vous n’êtes plus en terrain
libre… Le camp n’est pas très loin au pied de Tarakot,
un groupe de villages en terrasses dominant le cours supérieur
de la Bhéri près du confluent de la Tarap et de plusieurs
petits cours d’eau qui descendent du Dhaulagiri. Peter Matthiessen
dans son livre « Le Léopard des neiges » raconte qu’avant
que les Gurkhas ne créent le Népal, cette bourgade médiévale
était la capitale de l’ancien royaume de Tichu-Rong (du tibétain
: Vallée des Eaux parfumées) et ses habitants l’appellent
toujours Dzong (La Forteresse). Les champs d ‘orge sont nombreux
et encore un peu verts. Nous montons tous les deux vers ces maisons accolées
qui forment la Forteresse, laissant l’équipe se poser. Des
enfants nous ayant vu viennent à notre rencontre et nous emmènent
dans une maison à plusieurs étages. Après avoir monté
plusieurs échelles faites dans un tronc d’arbre coupé
en 2, nous sommes accueillis par un jeune lama, Chhayang Lama, qui doit
avoir une trentaine d’année et une vingtaine d’élèves
disciples. Il nous fait rentrer dans son petit gompa (Sam Tenling Monastery)
et nous offre successivement du thé népalais salé
qui se révèle très bon puis du « chung »,
bière tibétaine locale faite avec de l’orge…
Il y a environ 80 personnes dans le village qui dépendent toutes
du gompa. Après quelques échanges, il nous propose d’aller
visiter le gompa au dessus du village. Le plan est le même que celui
du temple au singes de KTM. Les murs sont ornés d’une fresque
que le lama a peinte lui-même. L’endroit inspire calme et
recueillement….A l’entrée du gompa, « se dresse
une foule de grands mâts couronnés des symboles du soleil,
de la lune , du feu ; de petits chevaux tibétains bruns, blanc
et gris paissent au milieu des drapeaux de prières blancs qui font
claquer Om Mani Padme Hum dans le vent… Les habitants de Tarakot
sont des Magars, dont les ancêtres ont remonté les vallées
il y a fort longtemps et ont plus tard adopté le bouddhisme ; à
moins qu’ils ne soient venus se réfugier là après
les guerres saintes des musulmans qui extirpèrent le bouddhisme
de l’Inde au XIIème siècle.»1. Il nous raconte que les villages qui forment Tarakot sont parmi les plus
riches du Dolpo grâce à l’agriculture. Ils revendent
leurs produits aux gens de la vallée mais aussi à ceux du
haut Dolpo qui n’ont rien. Kedar est responsable des projets de
l’association Action Dolpo crée par ue française,
Marie Claire Gentric. Il l’a rencontré il y a 12 ans lors
d’un trek et elle l’a contacté ensuite pour monter
le projet de construction d’une école dans la vallée
de Tarap. Nous parlons de l’impact du tourisme, des choses simples
et la transformation des cultures lorsque certains habitants des vallées
ramènent une télévision, des habits différents…
Le fait qu’ils soient de la même culture, contrairement à
des touristes étrangers comme nous, rend les autres désireux
d’avoir la même chose et casse petit à petit la simplicité
d’avant. Les gens deviennent moins heureux… Nada cite les
enfants qui ici ont tous des sourires contrairement à d’autres
treks qu’il a pu faire…Kedar confirme en nous disant qu’il
y a 10 ans il était plus heureux au démarrage de l’Ecole.
Le projet débutait, il habitait chez les gens, sans confort, dormant
à côté d’eux par terre. Désormais, à
l’Ecole, il y a des pièces séparées, des panneaux
solaires sur les toits, des lits et il n’éprouve plus le
même plaisir…
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